Ce 23 juillet aurait dû être un jour parfaitement normal dans le monde banal des sorciers... Un jour comme les autres, durant lequel les élèves de la prestigieuse école Poudlard auraient été en cours, tandis que dans les très nombreuses entreprises sorcières, leurs parents auraient été tranquillement au bureau.
Mais ce jour n'allait pas être totalement banal...

Hercule Cimrey, fidèle conseiller de l'actuel Premier Ministre, marchait nonchalamment en direction du bureau de Kingsley Shacklebot. Il était huit heures du matin et, comme à son habitude, il se rendait dans le bureau ministériel dans le but de planifier la journée de Mr Shacklebolt (bien qu’il n’en ait pas véritablement besoin, c’était la tradition et il la respectait humblement). Arrangeant son col, il frappa deux coups secs à la porte mais n'obtint aucune réponse. Quelque peu surpris, il fronça ses sourcils broussailleux et réitéra ses coups. Encore une fois le silence fut sa seule réponse. Hercule se permit d'ouvrir la porte, chose qu'il n'aurait jamais osé faire habituellement. Dans son fauteuil en cuir rouge, était assis le Premier Ministre. On aurait presque pu croire qu'il était normal, exception faite de ses yeux, dénués d'expression. Mort ? Pétrifié ? Le conseiller ne savait que penser... Machinalement, il sortit sa baguette magique de la poche de sa robe de sorcier.

«Si j'étais vous, je ne ferais pas ça, Hercule !, claironna une voix féminine»

Il se tourna vers la source de la voix, baguette en main. Sur son front commençait à perler quelques gouttes de sueur, signe de son angoisse. A qui pouvait donc appartenir cette voix ? Qui avait assez d'aplomb, assez d'audace et assez de puissance pour agresser le Ministre, ex-Auror ? Ses yeux étonnés découvrirent une belle jeune femme aux longs cheveux roux et lisses qui l'observait avec de grands yeux bleu océan. Avant d'avoir le temps de penser quoi que ce soit, il vit sa baguette atterrir dans la main de la jeune femme. Bouche bée, il observa plus que nécessaire cette inconnue, qui semblait à peine sortie de l'adolescence.

«Qui...qui ê-tes v-...vous ?, balbutia-t-il.
-Thessalie Heidi Riddle. Mon nom ne vous dit rien ? Sachez que je suis la noble descendante de Tom Marvolo Riddle, autrement connu sous le nom de Lord Voldemort.»

Elle avait prononcé chacun de ces mots avec douceur et lenteur, ménageant le suspens et donnant une allure majestueuse à sa phrase. Puis, elle sourit, découvrant deux rangées de dents parfaites. Bien évidemment, elle était consciente de son effet ainsi que du tremblement de terreur que provoquait le nom de son défunt père. Le conseiller était partagé entre la stupeur et l'étonnement, choqué par l'attitude de cette demoiselle, qui paraissait si jeune. Il ne répondit dit rien, restant muet comme le Ministre.

«Que...lui avez vous fait ?, parvint-il finalement à articuler.»

Elle émit un petit rire moqueur, faisant monter la peur chez Mr Cimrey.

«Très cher Hercule, vous n'avez donc pas deviné ? Votre ami est mort, je le crains.»

Elle paraissait contente d'elle, fière de son exploit. Comme si tuer quelqu'un pouvait être une fierté ! Une grimace de dégoût se peignit sur le visage de l'homme encore tremblant. Le Ministre était son ami depuis si longtemps… Et il était si aguerri qu’il n’aurait jamais cru la personne lui annonçant la mort de Kingsley Shacklebot… Une telle mort après avoir été si longtemps Auror ! A Poudlard, ils n’avaient pas été dans la même maison mais, ayant, le même âge, ils avaient eu des cours en commun et s’étaient très vite liés. Leur amitié était forte, et la loyauté d'Hercule encore plus…
Celui-ci se demandait ce qu'elle allait faire de lui, et comment il pouvait se sortir de cette situation... Comment alerter la population magique ? Un nouveau danger arrivait. L’histoire se répétait. Il était de son devoir de tenter de l’arrêter avant que la terreur n’envahisse tous les esprits, avant que la magie noire ne s’insinue dans tous les cœurs. Mais comment… ? Il fallait déjà qu’il pense à sa propre survie, déjà qu’il s’en sorte vivant et totalement indemne… Il fallait déjà qu’il récupère sa baguette. La peur commença réellement à s’infiltrer dans ses veines, glaçant son sang : il n’avait jamais été un grand courageux, et pour cause : la maison qui l’avait autrefois accueilli était Poufsouffle ! De plus, il était un Né-Moldu et de ce fait avait dû se cacher durant la guerre contre le Seigneur Noir, comme on l’appelait à présent. Oui, cela faisait 23 ans que le très célèbre Harry Potter avait battu le non moins célèbre mage noir et peu étaient ceux qui osaient prononcer son nom –à vrai dire, seuls certains membres de l’Ordre du Phénix se l’autorisaient-, malgré les tentatives de Mr Potter pour tenter de vulgariser, de populariser ce nom, un tabou qu’il jugeait idiot et ridicule. D’ailleurs, pensa le conseiller, ce Potter doit être en danger… La jeune Riddle doit vouloir se venger….

« Qu’allez-vous me faire ?, demanda Hercule Cimrey. »

Il essayait avec peine de gagner du temps, un temps qui lui servirait à chercher une inespérée solution… Puisqu’elle avait déjà tué Kingsley, elle le tuerait probablement…

« Franchement ? Je ne sais pas ! » Elle avait l’air d’une petite fille en train de jouer avec des poupées magiques et des dragons miniatures, un sourire traînant toujours sur ses lèvres rouges.
« Si je vous libère, vous irez prévenir tout le monde, n’est-ce pas ?
-Non, bien sûr que non !, s’empressa-t-il de répondre.
-Mais oui, c’est ça ! Ne me prenez pas pour une idiote, Hercule ! La jeunesse est une apparence, non pas un état d’esprit !
-Là n’était pas mon intention, je vous assure ! »

Il était faible, si faible face à elle ! Impuissant, incroyablement impuissant. Inactif. Que pouvait-il donc tenter ? Le ralliement ? Si elle était comme son père, elle le rejetterait à cause de son sang. Il avait de la volonté, mais aucune force à sa disposition. Si seulement, si seulement il pouvait récupérer sa baguette !

« Seriez-vous prêt à coopérer ? Je me demande bien… Je ne vous pense pas capable d’intégrer mon camp, mais si vous ne le faites pas, vous perdrez, j’en ai peur ! De plus, il me semble que certains m’ont murmuré quelque chose à votre propos… Ne seriez-vous pas, par le plus grand des hasards, ce qu’on appelle un Sang-de-Bourbe ? »

Il ouvrit de grands yeux horrifiés par cette insulte. Oui, définitivement, elle était comme son père et haïssait les Né-Moldus….

« Hum, cette rumeur que vous avez entendu est sans doute fausse et…
-Cessez ce petit jeu ! J’en sais plus sur vous que vous-même ! Je connais votre vie dans les moindres détails, elle m’a été rapportée avec fidélité, précision et provient d’une source très fiable. Alors vous avez intérêt à ne pas trop m’énerver, ou Mrs Paola Cimrey risque de souffrir…
-Que…que lui avez-vous fait ?, hoqueta le conseiller.
- Rien pour le moment mais ça ne saurait tarder…. Racontez-moi un peu le Ministère. Je veux savoir comment chaque chose est organisée. Et ne vous avisez pas de me mentir… Je le saurai ! »

Contraint d’obéir, il prit une inspiration et livra tous les renseignements à son ennemie…

Les titres du journaux étaient on ne peut plus explicites : Mrs Minerva McGonagall, illustre professeur de métamorphose, ex-directrice de la maison Gryffondor, ancienne adjointe au mystérieux Albus Dumbledore, directrice de la prestigieuse école Poudlard, et membre soupçonnée de l’Ordre du Phénix, avait disparu. Dans les couloirs de Poudlard, dans les rues de Pré-au-Lard, dans les étages du Ministère, dans les chambres de Sainte-Mangouste ; partout on discutait de la nouvelle avec un étrange mélange de malaise, de terreur et d’étonnement. Minerva McGonagall avait eu beaucoup d’élèves qui se souvenaient encore de son chignon sévère et de sa célèbre transformation en chat, elle s’était fait beaucoup d’amis qui appréciaient son regard posé et calme. Au sein même de l’Ordre du Phénix on la respectait aimablement et amicalement, car tous savaient le rôle important qu’elle avait joué ces dernières décennies. Elle leur avait semblé droite et fière, inébranlable, forte, et voilà qu’elle disparaissait ! A coup sûr, cette soudaine disparition n’était due ni au hasard, ni à une maladresse de sa part. Certains chuchotaient qu’elle avait un lien avec la mystérieuse mort du Premier Ministre, d’autres osaient même murmurer que seul un véritable mage noir était capable d’une telle chose. Et alors l’on pensait au plus grand mage noir de tous les temps, qui avait déjà par le passé réussi à ressusciter. Et s’il était revenu ? Naturellement, les gens s’étaient tournés vers le célèbre Directeur du bureau des Aurors Harry Potter, celui qui avait débarrassé le monde des sorciers d’un temps de mort et de magie noire. Sauf que lui et ses deux compagnons, l’Auror Ronald Weasley, et la Ministre de la Justice Magique, Hermione Granger, demeuraient introuvables eux aussi. Ainsi que toute leur famille, leurs proches. On ne voyait plus aucune trace de la fameuse Ordre du Phénix. Seuls George Weasley, sa femme et ses deux enfants demeuraient, dans leur magasin de farces et attrapes et quiconque souhaitait les interroger recevaient un silence brutal en guise de réponse.
Les sorciers se sentaient abandonnés par leurs héros et attendaient patiemment un changement, une évolution dans la situation. Ils ne comprenaient pas la disparition de toutes ces personnes, ne souhaitaient pas mettre un nom sur les horreurs du passé, horreurs qui surgissaient à nouveau, comme tant de plaies à peine cicatrisées qui se rouvriraient, béantes.

Calliope Jammes était belle et charismatique. Lorsqu’elle s’était présentée comme candidate au poste de Premier Ministre, les sorciers et sorcières l’avaient aussitôt adoptée, comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du Monde. Jeune, elle avait su captiver les foules, captiver les esprits et convaincre la population magique qu’elle était la meilleure. Elle fut élue avec un résultat record : 89 % des sorciers avaient voté pour elle ! On n’avait jamais vu ça dans toute l’histoire magique. Depuis qu’elle avait été élue (soit un peu plus de vingt-quatre heures), elle avait réussi à convaincre le grand public que McGonagall était une vieille folle qui avait tenté d’assassiner Harvey Jemkins, un honnête citoyen. A grands renforts d’articles dans la forte influençable Gazette du Sorcier, elle avait gagné sa première bataille : tous les sorciers étaient à présent d’accord sur l’emprisonnement de la vieille femme. Personne ne s’était demandé comment elle avait réapparut et l’on racontait que c’était en voulant prendre la fuite en hors-la-loi qu’elle était, qu’on avait pu retrouver sa trace. La vérité était bien sûr toute autre : Harvey Jemkins était un Mangemort qui n’avait rien d’honnête et McGonagall s’était fait lâchement attaqué à son domicile et par-derrière. Une technique inspirée de faits réels, bien sûr. Harry Potter et ses amis avaient de nouveau à faire et étaient quasiment les seuls à croire encore en la vérité. Dès le début, ils avaient reconnu la magie noire sous les assassinats et les disparitions. Les trois seules choses qu’ils regrettaient amèrement étaient 1) que Kingsley soit mort ; 2) que McGonagall soit à Azkaban ; 3) qu’ils soient obligés de rester cachés sans pouvoir agir. Il y avait aussi un mystère qu’ils n’arrivaient pas à résoudre : qui était derrière tout ça ?? Il paraissait impossible que Lord Voldemort soit encore de retour puisque les trois héros de guerre avaient détruits tous les Horcruxes… Qui alors ? Qui était aussi maléfique que le plus grand mage noir de tous les temps ?? Thessalie Heidi Riddle, préférant envoyer une fidèle Mangemort au poste de Ministre, ne s’était jamais montrée en public, ainsi personne ne savait que le seigneur Noir avait une fille… Personne ne savait qu’elle était là pour achever la tâche de son défunt père, et le venger de tous ceux qui l’avaient méprisé.
Tous les sorciers avaient confiance en leur Première Ministre, qui, petit à petit, prenait des mesures de plus en plus maléfiques, et à présent que la machine infernale avait été lancée, il était quasiment impossible de l’arrêter. Il s’était écoulé si peu de temps… néanmoins, c’en était déjà trop et ceux qui étaient encore lucides ne pouvaient plus désormais qu’attendre qu’une solution inespérée leur vienne à l’esprit…

Cette année, la rentrée à Poudlard du 1er septembre est somme toute très différente des précédentes….
La directrice, Minerva McGonagall avait été remplacé par un Mangemort méritant, Harvey Jemkins, celui-là même qui s’était fait agressé par l'ex-directrice. Pour ne pas trop ébranler les esprits des sorciers, l’on avait laissé le Professeur Longdubat (directeur de Gryffondor) enseigner la Botanique, bien qu’il soit une figure marquante de la résistance à Lord Voldemort. Le professeur de Métamorphose, ainsi que celui d’Enchantements et celui de Runes avaient été laissés là, puisque les deux premiers étaient les directeurs des maisons Serdaigle et Poufsouffle et que le troisième était tellement plongé dans ses traductions qu’il n’en voyait pas le monde extérieur. La professeur d’Arithmancie et celle de Divination avaient été gardées de justesse, mais de toute façon, peu appréciaient leurs matières. Avaient été remplacés les professeurs de Potions (et par la même occasion le Directeur de Serpentard), de Défense Contre les Forces du Mal (rebaptisée Apprentissage de Duels Magiques ou ADM). Les Soins aux Créatures Magiques avaient été définitivement supprimés et Hagrid renvoyé.